Cette installation/performance ’Las llamas del vino’ s’épanouit, Inspirée du tableau de David ‘La mort de Marat’, elle questionne ce qu’une œuvre peut offrir à une révolution aujourd’hui. Dans un monde où l’on ne sait plus apprendre à mourir, il faut vivre de manière très intense pour trouver et soulever encore l’appétit d’exister. Partant de ce constat, la rencontre des arts plastiques et du flamenco m’apparaît comme évidente. Cette danse qui possède la capacité de traverser le temps par la dialectique du corps, je veux l’associer à la réflexion qui traverse l’ensemble de mes œuvres, mettant en lumière de façon permanente les rituels de notre quotidien qui traversent les chocs de leur temps. A cette réflexion, je souhaite ajouter le vin, qui ouvre et détend les âmes pour que de l’oubli ressurgissent le plaisir et la félicité. En effet, le lien a cette boisson nous renvoie toute sa symbolique, le regard et le sens de la juerga flamenca*, sans oublier, l’esthétique des vignes, qui inspire énormément de métaphores. J’ai eu la chance de croiser le chemin d’une jeune danseuse de flamenco exceptionnelle, dont la force, l’émotion et la pluridisciplinarité nous ont permis de mener un dialogue haut en vérité et en découvertes lors de notre travail côte à côte.Il s’agit de Cynthia Cano, future étoile. La partition sonore élaborée avec deux artistes en dialogue constant complète avec subtilité le débat. Il s’agit de Luis Miguel Perez Martin, chanteur flamenco, poète de la présence et de Léonard GR jeune et talentueux poète sonore.
Une nouvelle lettre ouverte.
©Valérie Ruiz, Janvier 2011
Pendant 2 ans, c’est une histoire particulière simple et évidente qui se construit de cette naissance rare et fabuleuse que l’éternité étreint comme une évidence.
Petite histoire d’une rencontre avec le flamenco qui débute en 2005 ou je découvre le Flamenco qui me traverse littéralement le corps par son rythme, un jour ou je cherche mon amie Juliette Piedevache (comédienne espagnole qui vit à Paris) à son stage de flamenco donné par la China dans cette même ville … une évidence de rencontrer cet art pour épanouir ma palette invite mon imaginaire à créer cette nouvelle œuvre : Après m’être initié à cet art par l’initiation assidue, l’esthétique, la théorie etc…, en 2009, je me lance dans ce chantier de création artistique de manière pratique lors d’une rencontre pendant ma résidence à Fiac, petit village du Tarn, ( cf. ’Sans Sucre’ juin 2008) avec Patrick Tarres et lors d’une discussion autour de cette prochaine création, je lui demande s’il connait des personnes qui peuvent me rapprocher de danseurs Flamenco, il m’avoue alors sa passion pour le Flamenco autant que l’Art contemporain et me parle naturellement d’Israël Galvan, maitre incontesté actuel de cet Art et Cynthia Cano, jeune et talentueuse danseuse qu’il vient de découvrir lors d’un de ses rituels du mois d’Aout en Andalousie dans la région de Murcie (à en voir ses yeux brillant de révélation, je ne doute pas 1 seconde que cette danseuse est exceptionnelle et je sens que c’est elle que je dois rencontrer). Ne parlant pas Espagnol, c’est Juliette qui fît mes premiers contacts en Espagne avec Cynthia Cano et sa chorégraphe Maria Dolorès Ros. Parallèlement j’essaye aussi de pouvoir faire part de cette collaboration artistique avec ce monde du flamenco à Israël Galvan avec qui j’ai pu échanger à ce sujet après son spectacle au théâtre de la ville ’ La Edad de Oro’. La couleur particulière de sa phrase rythmique m’interpelle et donne sens à ma recherche….
Texte de Paul Guérin Février 2003_Valérie RUIZ
Lorsque l’on tente de porter un regard rétrospectif – curieux mais forcément
superficiel – sur les quarante premières années de l’art vidéo, on ne peut manquer d’être frappé du très grand nombre d’œuvres qui semblent avoir pris – et souvent mêlé… – l’une ou l’autre de ces deux options: soit la mise en scène du corps, dans une déconcertante variété de cadrages, d’actions ou de situations; soit l’exploration – joueuse ou fascinée – des possibilités plastiques inédites offertes par cette technologie de l’image. La série d’œuvres de Valérie Ruiz intitulées Silence ailé, Silence voilé et Silence intime témoigne par rapport à ces deux orientations d’un écart, parfaitement significatif de la trajectoire qui a conduit cette artiste de la pratique de la peinture et de la gravure à usage très personnel des moyens de la vidéo.
C’est en effet une subtile superposition de couches de visibilité qui caractérise ces bandes réalisées dans le cadre d’un projet à l’hôpital de Mulhouse: l’une d’entre elles montre l’activité d’une équipe soignante dont les déplacements l’amènent à passer devant un mur où s’empilent, pour former une sorte de bas-relief, des bustes, analogues à ceux employés dans les ateliers de couture, et sur lequel est projeté l’image d’une chanteuse exécutant une brève vocalise. Silence intime laisse voir les mouvements d’une danseuse dont le corps est partiellement caché par des panneaux translucides isolant le lieu retiré où elle se trouve et qui nous devient visible sous l’image fragmentaire d’un corps féminin cadré à la jointure des cuisses. Cette complexité visuelle se laisse d’ailleurs plus clairement discerner dans les photographies, chaque fois affectées d’une tonalité chromatique dominante, que Valérie Ruiz extrait des arrêts sur image de la bande vidéo. Il en résulte donc pour le spectateur une situation singulière dans laquelle la qualité proprement picturale de la photographie dévoile la théâtralité particulière aux tableaux vivants tout à la fois enregistrés et composés au moyen de la technique vidéo. La brièveté de ces bandes fait prévaloir sur le développement d’un contenu narratif la mise en présence de rencontres imprévisibles où la danse, la musique ou le chant entrent ainsi en communication pour donner sens et corps à l’expérience que Valérie Ruiz a voulu vivre dans cet hôpital de Mulhouse, à cette interrogation sur sa situation d’artiste qui est depuis toujours au cœur de sa démarche personnelle, aussi bien dans son travail solitaire à l’atelier que dans les collaborations qu’il lui est arrivé de nouer avec des groupes de théâtre. L’authenticité de son engagement va en effet au-delà d’une participation à ce qu’on a appelé le décloisonnement des arts ou encore d’une animation artistique en milieu hospitalier pour inscrire dans ses œuvres la confrontation de l’art à ce qui n’en est pas: la voix d’une chanteuse avec le silence froid d’un hangar désert, le corps d’une danseuse à laquelle l’atmosphère étrange d’une cuisine dans un entresol avait soudain suscité l’envie de s’y mettre nue….comme si par cette réaction spontanée l’art entrait à sa manière en résonance avec l’esprit d’un lieu et d’une collectivité humaine exclusivement consacrés à la réalité douloureuse de la fragilité mais aussi de la vitalité tenace des corps.
Dans une telle perspective, le recours à la vidéo prend chez Valérie Ruiz une valeur bien spécifique: au lieu d’exploiter toute la gamme des manipulations numériques du visible par lesquels cette technique tend à devenir un art autonome – ce que confirment des artifices ultra-modernes simulant la troisième dimension d’un univers virtuel – elle n’en retient que les procédés permettant d’une part, comme en une nouvelle modalité de la gravure ou de la peinture, la transparence de couches d’image et, d’autre part, la modification du temps de ce qui est ainsi « simplement » enregistré. La vidéo devient alors une extériorisation et, du même coup, un partage de l’activité de l’esprit établissant des rapprochements insolites entre ce qui se passe dans la réalité, ralentissant parfois le flux des évènements pour en rendre sensible dans un suspens énigmatique une signification dès lors plus intime – celles que peuvent avoir pour chacun d’entre nous l’envol, dans Silence ailé, d’un oiseau surimprimé au passage de civières – et offrant dans ce qui est ainsi entrevu, la chance d’une intuition qui pourrait un jour se révéler précieuse au hasard de notre existence. N’oublions pas que dans son étymologie latine, le mot « video » signifiait: « je vois » !..